Facebook Live "Crypto-monnaies - quelles précautions prendre avant d'investir ?"

Facebook Live : jeudi 6 octobre 2022 - 18h00


Les crypto-monnaies, on en parle beaucoup, mais comment ça fonctionne ? Quels risques présentent les placements en cryptos ? Comment s’assurer du sérieux des intermédiaires financiers et éviter les arnaques ?



L’Institut national de la consommation, 60 Millions de consommateurs et l'Autorité des marchés financiers (l’AMF), ont organisé un live le jeudi 6 octobre à 18h00 consacré aux crypto-monnaies.

 

Florence Corne, de l’Autorité des marchés financiers (l’AMF) et Laurence Ollivier, journaliste au magazine 60 millions de consommateurs, ont répondu à vos questions.

 

Suivez les 5 conseils de l'AMF

1 - Vérifier les listes noires de l'AMF avant d'investir
2 - Passez par un prestataire enregistré auprès de l'AMF
3 - Sécurisez la conservation de vos crypto-actifs
4 - Ne perdez et ne communiquez jamais votre clé privé
5 - Vérifiez toujours l'exactitude d'une adresse publique

 

Bonsoir et bienvenue sur notre Facebook live du jour consacré aux crypto-monnaies et crypto-actifs.

 

Avec nous, pour passer en revue Les précautions à prendre avant d’investir j’ai le plaisir d’accueillir Florence Corne, de l’Autorité des marchés financiers (l’AMF).

 

Bonsoir Florence,

 

Bonsoir Laurence, bonsoir à tous,

 

Je vous rappelle le principe de notre émission, vous nous posez vos questions et nous vous répondons.

 

Mais en attendant l’arrivée des premières questions Florence, pouvez-vous nous éclairer sur les crypto-monnaies. De quoi s’agit-il exactement ?

On les appelle couramment crypto-monnaies ou monnaies virtuelles, mais en réalité il faut parler de crypto-actifs. Elles s’échangent uniquement en ligne sur internet et reposent sur une blockchain qui est un grand livre de compte consultable par tous. Il n’y a pas de billets ou de pièces. Les cryptos n’ont également pas de cours légal contrairement à une monnaie. Les plus connues sont le Bitcoin et l’Ether, mais il en existe plus de 5 000.

 

Vous dites que le Bitcoin et les autres cryptos n’ont "pas de cours légal". Ca veut dire quoi concrètement "pas de cours légal" ?

Contrairement à l’euro, qui a un cours légal, aucun commerçant en France n’est obligé d’accepter un paiement en crypto-monnaie. Certains commerçants les acceptent mais ça reste rare.

 

Si les cryptos ne sont pas des monnaies, alors que sont-elles ?
Les cryptos sont des actifs numériques utilisant un réseau informatique décentralisé.  qui reposent sur des supports informatiques complexes. Ils ne sont pas contrôlés par les banques centrales ou les gouvernements. Ils sont soumis au principe de l’offre et de la demande.

 

Sur quelle technologie reposent-elles ?
Les crypto-actifs fonctionnent avec un protocole informatique appelé blockchain . C’est un protocole qui permet de réaliser des transactions cryptées et décentralisées, sans intervention d’un intermédiaire, comme une banque par exemple.

 

A quel type de risques peuvent être exposés les investisseurs ?

Les cryptos sont risqués à plusieurs titres et il faut être conscient avant de se lancer :

 

  • volatilité : la valeur d’un crypto-actif peut varier fortement en fonction de l’actualité ou même du tweet d’une personnalité influente,
  • arnaques : votre argent n’est tout simplement pas investi et vous ne le reverrez pas,
  • techniques : en raison de la technologie spécifique, il existe également des risques techniques, comme le piratage ou la perte de sa clé privée.

Rappel : les tweets d’Elon Musk, le patron de Tesla, ont fait bouger le cours du Bitcoin de façon phénoménale.

Pourtant de nombreux investisseurs se ruent vers ce type de supports. Quels conseils pouvez-vous leur donner ?

 

Si vous décider de vous lancer, il faut suivre 5 étapes clés pour limiter les risques.

 
Parfait ! Je vous propose de reprendre point par point.

 

1er conseil : il faut vérifier les listes noires… Pouvez-vous nous expliquer ?

Il y a beaucoup d’arnaques sur les cryptos sur internet et sur les réseaux sociaux. L’AMF tient une liste noire des sites non autorisés à proposer des investissements en  cryptos. Il est utile de vérifier qu’un site internet n’y figure pas. Malheureusement, elle n’est jamais complète car de nouvelles arnaques sont créées tous les jours.

 
Merci Florence.

 

Donc passons au 2ème conseil : passer par un prestataire enregistré. Comment le vérifier ?

Pour éviter de tomber sur une arnaque, mieux vaut choisir un PSAN, c’est-à-dire un prestataire de services sur actifs numériques enregistré auprès de l’AMF. L’enregistrement signifie que l’AMF a effectué un certain nombre de vérifications auprès de l’intermédiaire financier. Et certains acteurs ont l’obligation d’être enregistrés pour fournir certains services qui sont particulièrement sensibles :

 

  • la conservation et l’accès aux crypto-actifs,
  • l’achat/vente de cryptos contre des monnaies ayant un cours légal (l’euro donc),
  • l’échange de cryptos contre d’autres cryptos,
  • et l’exploitation d’une plateforme de négociation de cryptos.

Cet enregistrement constitue-t-il une garantie pour l’investisseur ?
Non, cet enregistrement n’est pas pour autant une garantie ! Il s’agit de la mise en place d’un premier régime, et l’AMF a été précurseur. Mais les vérifications effectuées par l’AMF portent surtout sur la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme.

La liste blanche des PSAN (prestataire de services sur actifs numériques enregistré auprès de l’AMF) est disponible sur le site de l’AMF, ou bien sur AMF Protect Epargne.

Donc l’enregistrement ne constitue pas une sécurité absolue.

 

Mais je crois qu’il existe aussi des professionnels agréés. Est-ce plus sûr pour l’investisseur ?
Un PSAN – peut également demander un agrément optionnel à l’AMF. Cet agrément signifie que des vérifications plus poussées ont été faites par l’AMF, et donne accès aux investisseurs à un régime de protection plus proche de celui des placements plus classiques comme les actions.

 

Mais à ce jour, aucun PSAN n’est encore agréé !

On est un peu au Far West – Il faut donc redoubler de vigilance

 

3ème conseil : sécuriser la conservation de ses crypto-actifs. On les met où ? Sous son matelas, dans son porte-monnaie, sur un compte… ?
On ne peut pas les conserver comme des placements classiques car les cryptos sont des actifs numériques. On peut les conserver soi-même dans un portefeuille en ligne, donc, avec un mot de passe fort, ou via un appareil externe comme une clé USB qu’il ne faut surtout pas perdre. On peut aussi déléguer cette tâche à un PSAN (prestataire de services sur actifs numériques) enregistré auprès de l’AMF.
 

4ème conseil : ne pas perdre ni divulguer sa clé privée. Là encore pouvez-vous nous éclairer ?
Pour échanger des cryptos, il faut des clés de deux types. Une clé publique qui permet de vous identifier auprès des autres utilisateurs. Et une clé privée qui est une sorte de mot de passe permettant d’accéder à vos cryptos et de générer la clé publique.

 

La clé privée est unique, si vous la perdez, vous ne pouvez pas en obtenir une nouvelle et vous perdez définitivement accès à vos cryptos. Il ne faut donc pas la donner ni la perdre. Souvent, on utilise un moyen mnémotechnique pour la retenir.
 

Enfin, 5ème et dernier conseil : vérifier l’exactitude de l’adresse publique. Qu’est-ce que c’est ?
La clé publique, c’est en quelque sorte l’adresse vers laquelle vous envoyez des cryptos lors d’un échange. Les transactions sur la blockchain sont définitives. Donc si vous vous trompez dans cette clé, vous risquez de ne pas pouvoir revenir en arrière et envoyer vos cryptos à la mauvaise personne. Il faut être très attentif quand on réalise des transactions en cryptos. Un peu comme un virement quand on se trompe de bénéficiaire.

 

Merci Florence. On comprend clairement qu’investir dans des crypto-monnaies, c’est risqué mais aussi ultra-complexe en raison de la technologie utilisée. Mais ce n’est pas tout, les escrocs aux placements pullulent. Je crois que les cryptos arrivent en tête de vos signalements en 2021, avec une perte moyenne estimée à 20 000 euros. Cette tendance se poursuit-elle sur 2022 ?

 

Effectivement, en 2021, les crypto-actifs étaient la première thématique d’arnaques qui nous était remontée par les épargnants, avec un préjudice moyen déclaré de 20 000 euros.

Au 1er semestre 2022, le préjudice moyen a augmenté et est passé à 36 000 €. Nous avons recueilli de nombreux témoignages de victimes. Certaines ont accepté de témoigner dans des vidéos. Nous vous proposons de les consulter sur notre chaîne Youtube, si vous le souhaitez.

Ces chiffres font froid dans le dos Florence. On se dit que cela peut vraiment arriver à tout le monde. Personne n’est à l’abri.

 

Que faire en cas d’arnaque ?
En cas d’arnaque, la seule solution est de porter plainte. Il faut bien conserver et transmettre à la police ou à la gendarmerie, tous les documents qui peuvent leur être utiles : les coordonnées de l’escroc, la manière dont vous êtes entrés en contact, vos échanges, les documents écrits, les contrats etc. Tout cela peut faciliter l’enquête. Mais il est peu probable de récupérer votre argent un jour, car les réseaux d’escrocs sont souvent basés à l’étranger. C’est pourquoi il est très important de bien vérifier à quel prestataire vous avez affaire avant de vous engager. Si vous êtes victime d’une arnaque, vous pouvez aussi le signaler à l’AMF pour qu’elle complète ses listes noires.

 

Merci Florence. Maintenant, place aux questions des internautes.

 

Rachid demande : "De nombreux influenceurs se vantent d’avoir fait fortune grâce aux cryptos. Faut-il leur faire confiance ?"

C’est vrai que les cryptos sont très discutés sur les réseaux sociaux. Mais les influenceurs sont rarement des professionnels de la finance. Il faut apprendre à faire la différence entre un témoignage sincère et une publicité, car beaucoup d’influenceurs sont rémunérés par des plateformes pour en faire la promotion. Ils vous font croire qu’ils ont fait fortune en tradant des cryptos mais en fait, ils touchent une commission pour chaque nouveau client rapporté. Et parfois, peut-être sans le savoir, ils font la promotion de véritables arnaques. Prudence donc.

 

Comment s’y retrouver alors Florence. A qui se fier ?
Comme nous l’avons dit, privilégiez une plateforme qui figure dans la liste blanche des PSAN. Et quand un influenceur vous dit que la crypto Y, c’est celle qui va vous rendre riche, demandez-vous quel est son intérêt à vous partager ce bon plan ?

 

Certains influenceurs ont-ils été condamnés pour ces pratiques déloyales ou trompeuses ?
Effectivement, Nabilla a été condamnée il y a un an pour avoir fait la promotion d’une plateforme sans indiquer qu’elle était rémunérée pour le faire, alors que les influenceurs sont obligés de le préciser dans leurs contenus. Elle a également allégué de la récupération systématique des sommes investies, ce qui est une allégation trompeuse, au vu des risques de perte.

 

Jules voudrait savoir s’il existe des règles d’or pour investir en cryptos ?

 

Il y a tout d’abord les 5 conseils pratiques que j’ai indiqués tout à l’heure :

 

1 - Vérifiez les listes noires.
2 - Passez par un prestataire enregistré auprès de l’AMF.
3 - Sécurisez la conservation de vos crypto-actifs.
4 - Ne perdez et ne communiquez jamais votre clé privée.
5 - Vérifiez toujours l’exactitude d’une adresse publique.

 

Par ailleurs, compte tenu des différents risques évoqués, il ne faut investir qu’une petite partie de votre épargne et uniquement de l’argent que vous pouvez vous permettre de perdre, c’est-à-dire qui ne vous mettra pas en difficulté financière.
Comme toujours en matière d’investissement, il faut d’abord avoir une épargne de précaution et la conserver.

 

Sophie a oublié sa clé privée. Elle voudrait savoir comment récupérer ses Ethereum ?
Malheureusement, la clé privée est unique, il n’y a aucun moyen de récupérer ses cryptos dans ce cas.

 

Michel, lui, s’est fait hacker son "wallet". Il voudrait connaître ses recours ?
Dans ce cas, Michel, il faudrait d’abord contacter la plateforme par laquelle vous passez et changer tous vos mots de passe, notamment si vous utilisez le même mot de passe sur plusieurs sites. Ils ont pu être compromis. Enfin, il faut que vous portiez plainte.

 

Natacha L, aimerait se lancer mais ne sait pas à quelle plateforme se fier. Florence, avez-vous un conseil pour Natacha ?
Comme on l’a dit plusieurs fois, pour éviter les arnaques, il vaut mieux privilégier une plateforme enregistrée en tant que PSAN sur la liste blanche de l’AMF. Au-delà du choix de la plateforme, il ne faut investir qu’une petite partie de son épargne, que l’on peut se permettre de perdre.

 

Léo D a un doute sur son interlocuteur. Il pense qu’il s’agit peut-être d’un escroc. Quels signes doivent l’alerter ?
Il y a des signaux d’alerte d’une arnaque, que ce soit sur des crypto-actifs ou d’autres types de placements. On vous présente un placement à la fois garanti, donc sans risque, et fortement rémunérateur. Il peut aussi s’agir d’une opportunité, réservé à quelques privilégiés, et que votre banquier vous cache. Enfin, une nouvelle technique d’approche est un témoignage sur les réseaux sociaux puis vous orienter vers une messagerie privée. Attention aux discours trop beaux pour être vrais !

 

Florence, quels bons réflexes adopter en cas de doute ? Vers qui se tourner ?
En cas de doute, n’hésitez pas à contacter l’AMF. Nous avons un centre de relations avec le public "AMF Epargne Info Service", qui répond aux questions des épargnants et qui peut les aider à vérifier si on est face à une arnaque ou pas. Il est possible de contacter cette équipe par formulaire et de lui envoyer des documents qui vous paraissent suspicieux.

Vous pouvez aussi utiliser l’application AMF Protect Epargne avec la fonctionnalité "suis-je victime d’une arnaque". En quelques questions, on vous indiquera le risque d’arnaque d’une proposition.

 

Archi nous dit avoir perdu la moitié de sa mise en investissant sur le Bitcoin. Que pouvez-vous lui dire ?

Archi, les cryptos sont risqués car très volatiles. Personne ne peut prévoir l’évolution des cours. Vous pouvez aussi attendre et voir si les cours remontent. Tant que vous n’avez pas vendu vos bitcoins, ils ne sont pas perdus.

 

Au plus haut le Bitcoin dépassait les 64 000 dollars en novembre 2021 pour retomber aujourd’hui autour des 20 000 dollars. Sa valeur a donc été divisé par trois en moins d’un an ! Waouh.

 

Et ca m’inspire une question pour vous Florence, le Bitcoin jusqu’à présent était présenté comme une valeur refuge. Et pourtant avec la guerre en Ukraine et le retour de l’inflation, il souffre comme tous les autres actifs.

 

Alors : valeur refuge ou pas ? Qu’en pensez-vous ?
En effet, les cryptos ont séduit certains investisseurs justement par leur côté en dehors des sentiers battus. Pourtant ces derniers mois, on a vu qu’ils étaient très sensibles à la situation macro-économique. Le cours du Bitcoin, par exemple, a chuté avec le retour de l’inflation, la remontée des taux, la guerre en Ukraine et même la baisse des marchés d’actions.

 

Donc finalement, ces placements ne sont pas aussi déconnectés de l’environnement macroéconomique qu’ils pouvaient le penser.

Lucie s’interroge : Comme elle ne repose sur aucun actif tangible pourrait-on imaginer que la valeur de ces cryptos retombe un jour à zéro ?

Compte tenu des fortes variations de cours des crypto-actifs que l’on vient de voir, cela est possible. Mais le plus probable est que les cours continuent de varier fortement.

 

Conclusion

Un très grand merci Florence Corne pour toutes vos explications.

Si vous voulez en savoir plus sur les crypto-monnaies et les règles de prudence à adopter, vous voyez tous les contacts utiles s’afficher à l’écran (cf contacts utiles).

 

Merci de nous avoir suivis.

 

Je vous souhaite une excellente soirée

 

A bientôt.

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