Cet hiver, de nombreuses pharmacies ont dû faire face à des pénuries de médicaments, révélant de fortes tensions d’approvisionnement.

 

D’après le dernier bilan de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), la barre des 3 000 molécules en rupture de stock ou en risque de rupture a été dépassée. Résultat : depuis décembre, plus de 300 produits sont en "tension d’approvisionnement", ou en "rupture de stock". Il s’agit de médicaments à base de paracétamol, ou encore des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur, comme un antibiotique.

 

Comment cette pénurie s’explique-t-elle ?

 

Et bien, en plus du Covid toujours présent, il y a eu le retour de nombreuses pathologies hivernales, comme les bronchiolites et grippes, qui s’étaient faites plus rares pendant la pandémie, puisque l'on a été confiné et masqué. Il y a aussi une autre réalité qui elle, est structurelle, car liée à la fabrication : une grande partie des principes actifs qui constituent la matière première des médicaments est produite en Chine dont les usines ont été fermées pour répondre à la politique zéro Covid du pays.

 

En dehors de la production, le prix de certains médicaments est-il aussi une des explications ?

 

C’est également un autre facteur avancé par l’industrie, notamment pour les "vieux médicaments", c’est-à-dire commercialisés depuis longtemps. C’est le cas du paracétamol dont le brevet est arrivé à échéance, ce qui fait mécaniquement baisser le prix et le rend donc moins rentable qu’un médicament avec une molécule innovante. La France s’était mise à importer pour profiter de coûts de production plus bas, ce qui a créé une dépendance vis-à-vis des pays producteurs.  

 

Substituer un médicament par un autre est-ce la solution pour palier à une rupture de stocks ?

 

Certains traitements sont malheureusement difficilement remplaçables. Pour ce qui est du paracétamol, il existe plusieurs marques commerciales (Doliprane, Efferalgan, Dafalgan…) et des versions génériques qui peuvent évidemment se substituer les unes aux autres. Mais par exemple, pour les formes pédiatriques de paracétamol ou d’amoxicilline, toutes sont en tension, quelles que soient les marques commerciales.

 

Il est alors nécessaire de prendre conseil auprès du pharmacien, ou de vous rapprocher de votre médecin. Ne diluez pas vous-mêmes un médicament pour adulte.