Facebook Live "Protéger son épargne"

Facebook Live du 12 octobre 2021 - 18h00


L’Institut national de la consommation et l'Autorité des marchés financiers (l’AMF), ont organisé un live le 12 octobre à 18h00 consacré aux arnaques aux placements financiers.

 

Pauline STRAGIER, de l’Autorité des marchés financiers (l’AMF) et Laurence Ollivier, journaliste au magazine 60 millions de consommateurs, ont répondu aux questions des internautes.

 

 

> Voir la vidéo

 

 

Laurence Ollivier, journaliste au magazine "60 millions de consommateurs" (Institut national de la consommation) : "Bienvenue sur notre Facebook Live du jour consacré aux "Arnaques aux placements financiers".

 

Pour vous en parler, Pauline STRAGIER, de l’Autorité des marchés financiers (AMF).

 

Bonsoir Pauline,

 

Bonjour Laurence, bonjour à tous,

 

Je vous rappelle le principe de notre émission : vous nous posez vos questions et nous vous répondons.

 

Mais sans attendre, Pauline, pour illustrer le propos, je vous propose de découvrir le témoignage d’un épargnant victime d’un escroc.

 

Quels enseignements tirer de ce témoignage ?

 

Il y a deux choses à retenir. La première, c’est que tout le monde peut tomber dans le piège, même les investisseurs aguerris qui ont l’habitude d’investir en bourse. La seconde, c’est que les escrocs sont très agiles et se sont professionnalisés ces dernières années, au point qu’il devient plus difficile de les démasquer. C’est notamment ce que nous enseigne le témoignage de Myriam que l’on vient de voir.

 

Les arnaques financières se font-elles essentiellement par Internet ?

 

Très souvent oui. Ce phénomène a été accentué avec la crise sanitaire. Les Français ont passé beaucoup de temps sur Internet, sur les réseaux sociaux.

Les contacts aujourd’hui, même avec votre banque du quotidien, se font aussi de plus en plus par Internet.

Il faut donc être très prudent et ne pas croire tout ce que vous pouvez lire sur les réseaux sociaux notamment.

 

Cela peut-il arriver à tout le monde ?

 

Oui, tout le monde peut tomber dans le piège. Les plus jeunes qui ont, a priori, moins d’épargne mais qui cherchent un bon coup à faire, mais aussi les actifs et même les retraités, qui ont accumulé un peu de capital et qui sont intéressés par des investissements de plus long terme avec de meilleurs rendements que ceux proposés par leurs banques. Peu importe le milieu social, la profession, l’âge. Tout le monde est concerné.

Le contexte de taux bas accentue le phénomène, mais il faut bien avoir conscience qu’il n’y a pas de rendement élevé sans risque élevé.

 

Quelle est l’ampleur du phénomène ? On parle de milliers, de millions ou de milliards d’euros détournés ?

 

Il est très difficile de connaître le montant exact des sommes qui sont volées car tous les épargnants ne nous appellent pas ou ne portent pas plainte. En 2019, l’AMF et le Parquet financier estimaient que plus d’1 milliard d’euros s’étaient envolés en l’espace de 2 ans, sur des arnaques aux placements financiers. C’est considérable.

 

Quels sont les recours pour les victimes ?

 

Quand on est victime d’une arnaque, la seule solution est de porter plainte auprès du commissariat de police ou de la gendarmerie proche de son domicile.

Lorsque vous investissez, particulièrement sur internet, conservez bien tous les échanges et documents. Ils peuvent vous aider à déposer votre plainte.

 

Expliquez aux enquêteurs de quelle manière vous avez connu le site, donnez ses coordonnées, celles des personnes avec lesquelles vous étiez en contact. Les mails, RIB, ordres de virements, captures d’écrans, contrats doivent être montrés aux enquêteurs pour mettre toutes les chances de votre côté. Au-delà des sommes perdues, vous pouvez aussi faire valoir des dommages psychologiques.

N’hésitez pas à vous faire aider par un avocat dans ces démarches.

 

En dehors de la plainte, quelles autres solutions ?

 

En fait il n’y a pas d’autre moyen pour récupérer votre argent. Pour éviter que d’autres personnes ne tombent dans le piège, vous pouvez signaler le site frauduleux à l’AMF.

 

Y’a-t’il un espoir pour les victimes de revoir la couleur de leur argent ?

 

Malheureusement, les procédures peuvent durer longtemps et les réseaux d’escrocs sont souvent basés à l’étranger. Les chances de récupérer son argent sont très faibles.

 

Et si un avocat ou une association de consommateurs nous appelle pour récupérer notre argent ? On saisit l’occasion pour se regrouper avec d’autres victimes ?

 

Alors attention car les escrocs se transmettent vos coordonnées. C’est ce qu’on appelle l’arnaque dans l’arnaque. Une fois que vous les avez démasqués, vous êtes rappelés par un soi-disant cabinet d’avocat qui propose de vous aider à récupérer votre argent, ou par l’administration fiscale au sujet d’une taxe… Il ne faut surtout pas donner suite car c’est l’arnaque qui se poursuit !

 

En clair, Pauline, vous nous dites qu’il n’y a pas ou peu de chance d’être indemnisé de ses pertes ? C’est bien cela ?

 

Oui Laurence, c’est tout à fait ça. La meilleure façon de ne pas en arriver là, c’est de bien se renseigner sur le site, la société qui vous propose le placement. Il est donc important d’être vigilant et de savoir identifier les arnaques. Il vaut mieux prévenir que guérir.

 

Alors que faire ? Si on ne peut pas guérir, comment prévenir ? Y-a-t’il des signaux qui doivent nous alerter ?

 

Les escrocs sont intelligents et agiles, ils créent de nouveaux sites et de nouvelles offres régulièrement. Mais quelques bons réflexes peuvent vous aider à les repérer :

 

  • attention aussi aux discours rassurants : il n’y a pas de rendement élevé sans risque élevé. Un placement avec un rendement garanti de 8%, ça n’existe pas,
  • méfiez-vous des publicités sur internet, parfois portées par des célébrités, et des sites qui vous demandent de remplir un formulaire pour avoir des informations sur le placement,
  • ne prenez jamais de décision à la hâte, une offre valable seulement quelques jours doit vous mettre la puce à l’oreille

Dernier conseil, si malgré tout vous êtes tenté. Faites des vérifications poussées sur le produit, la société qui vous le propose et votre interlocuteur. Les registres officiels peuvent vous aider, mais mieux vaut compléter avec vos propres recherches car les escrocs utilisent parfois les informations contenues dans ces registres.

 

Après le Forex, le diamant, le bitcoin… aujourd’hui faut-il se méfier d’un placement en particulier ?

 

Ces arnaques sont malheureusement toujours d’actualité, notamment sur les crypto-monnaies… En ce moment il y a aussi beaucoup d’arnaques sur des formations au trading. Pas besoin de rappeler à nos auditeurs qu’on ne devient pas trader en quelques heures, c’est un vrai métier.

 

Et on voit aussi émerger de nouvelles arnaques en fonction de l’actualité. Ces derniers mois, les escrocs ont surfé sur la thématique de la santé avec de faux placements dans des chambres d’Ehpad par exemple. Ils s’emparent du vocabulaire bancaire, financier pour se rendre crédibles et proposent même des produits "classiques".

 

Vous voulez dire que les escrocs proposent aujourd’hui la même gamme de placements qu’une banque classique : livrets bancaires, assurance vie, PEA, SCPI…

 

Exactement ! Pour gagner la confiance et rassurer, ils proposent les mêmes types de placements que ceux que vous pouvez trouver dans votre agence bancaire, mais en vous promettant des rendements supérieurs. Il ne faut pas se laisser berner par ce vocabulaire familier. En appliquant les quelques réflexes dont on vient de parler, on se rend compte de la supercherie avant de s’engager.

 

Comment alors s’assurer du sérieux du site ? Avant on disait qu’il fallait vérifier l’agrément de la plateforme et le numéro Orias du professionnel ? Cela suffit-il ?

 

C’est toujours un conseil valable, mais comme je vous le disais, les escrocs utilisent souvent les informations contenues dans les registres comme Regafi ou l’Orias.

Ces derniers mois, nous avons constaté de plus en plus d’usurpations. Les escrocs se font passer pour de vraies sociétés, ils changent juste une lettre dans l’adresse d’un site internet ou dans une adresse email, ils copient les documents commerciaux officiels et reprennent des numéros d’autorisation trouvés dans les registres. Parfois ils utilisent même le logo de l’AMF pour se rendre crédibles !

Donc recherchez toujours par vous-même les coordonnées de la société (sur les pages jaunes par exemple), et appelez le siège pour vérifier que votre interlocuteur y travaille bien. Vous pouvez même envoyer un courrier en recommandé pour vérifier.

 

Si je comprends bien, les escrocs copient des sites officiels et profitent de la notoriété de ces sociétés pour spolier les épargnants ? C’est bien cela ?

 

C’est tout à fait ça Laurence. Leurs sites et leurs offres paraissent très professionnels, il faut donc redoubler de vigilance.

 

Comment est-ce possible ?

 

La digitalisation de l’épargne et de la finance a accentué ce phénomène. Avant, un démarcheur pouvait frapper à votre porte, prétendant travailler pour telle ou telle banque et repartait avec votre chèque. Le web a finalement facilité le travail des escrocs. C’est une véritable industrie gérée par des réseaux criminels. Ils ont souvent plusieurs sites créés sous le même format, et quand un site est démasqué, ils en créent un nouveau très facilement. Et avec les réseaux sociaux, il est devenu très facile de toucher les épargnants.

 

Quelle parade dans ce cas ? Comment être sûr de ne pas avoir affaire à un vrai-faux site ? Pouvez-vous nous donner des conseils pour éviter de nous faire détrousser au coin du Web ?

 

Lorsque vous tombez sur un site internet, vous pouvez vérifier plusieurs choses :

 

  • méfiez-vous des offres trop belles pour être vraies,
  • les fautes d’orthographe peuvent être un indice : les escrocs se sont améliorés sur ce point, mais il peut en rester notamment dans les mentions légales ou les conditions générales de vente,
  • vous pouvez aussi copier-coller un texte trouvé sur une page, et vérifier s’il n’est pas présent sur un autre site proposant des placements financiers,
  • vérifiez la cohérence des informations : par exemple une adresse postale en Angleterre mais un numéro de téléphone Français. Faites d’ailleurs une recherche sur internet pour vérifier que la société est bien présente à cette adresse.
  • enfin, si on vous demande de remplir un formulaire pour obtenir plus d’informations, méfiez-vous ! L’objectif est de récupérer vos données personnelles pour vous arnaquer, et ces données seront revendues à d’autres plateformes. Vous leur laissez votre numéro de téléphone, ils vous rappellent, plusieurs fois, vous servent leur beau discours. Même votre banque de tous les jours ne vous appelle pas aussi souvent. C’est une stratégie pour vous mettre en confiance et vous faire tomber dans le piège.

Peut-on se fier à la seule liste noire des sites que vous publiez sur votre site ?

 

Consulter nos listes noires peut être une première étape pour vérifier si on est face à une arnaque. Malheureusement, les escrocs créent chaque jour de nouveaux sites, dès fois ils les dupliquent même après avoir été démasqués, donc elles ne sont jamais complètes.

Au moindre doute, il faut contacter notre plateforme Epargne Info Service par formulaire ou par téléphone. Ses coordonnées sont facilement accessibles sur le site de l’AMF.

Un outil peut être très intéressant : l’application AMF Protect Epargne. Elle permet d’accéder aux listes noires et de contacter l’AMF. Elle propose aussi un diagnostic de risque d’arnaque : en répondant à quelques questions simples, vous obtenez un résultat sur la probabilité d’être face à une offre frauduleuse. L’application peut être téléchargée sur Apple Store et elle est disponible aussi via n’importe quel navigateur internet.

 

Outre la copie de sites officiels (on parle d’usurpation) quelles sont les autres techniques les plus répandues ?

 

Il y a beaucoup d’expressions, de punchlines qui peuvent vous alerter. "Le placement que votre banquier vous cache", "devenez riche sans travailler"… Ils n’hésitent pas aussi à utiliser l’image de célébrités pour se rendre crédibles.

Le contexte est important aussi. Les taux sont bas depuis quelques années, les banques ne peuvent pas proposer de placement sans risque à de meilleurs taux. Personne ne le peut. Donc toute offre présentée sans risque avec un rendement plus élevé que celui du livret A est douteuse.

 

De manière générale, quels conseils donner aux épargnants désireux de placer leur argent en toute sécurité ?

 

Il faut bien avoir conscience que, tant que les taux seront bas, les rendements des placements ne pourront pas augmenter, sauf si vous acceptez de prendre des risques pour votre épargne en allant sur les marchés financiers. Il ne faut pas sortir des sentiers battus et se dire qu’on va trouver le bon filon car il n’existe pas. Pour placer votre épargne, faites appel à un intermédiaire financier qui dispose bien de toutes les autorisations nécessaires. Et méfiez-vous des publicités, particulièrement sur les réseaux sociaux.

 

Merci Pauline. Maintenant, place aux questions des internautes.

 

Formation pour devenir riche

Laurence, il n’y a pas de secret : pour devenir riche, il faut travailler. Les personnes qui arrivent à vivre en ne faisant que du trading sont peu nombreuses, elles prennent d’énormes risques avec leur épargne, ou bien ce sont des professionnels. Trader, c’est un vrai métier qui nécessite d’avoir fait des études spécialisées. Une formation sur YouTube ne vous rendra jamais riche.

 

Bitcoin

C’est vrai que le cours des crypto-monnaies a explosé en quelques années. Mais ces placements sont très risqués. Premièrement, parce qu’il s’agit d’actifs volatiles c’est-à-dire que leur cours peut varier très fortement à la hausse comme à la baisse. Souvenez-vous il y a quelques mois, des effets d’un tweet d’un homme d’affaire dont je ne citerai pas le nom et qui a fait plonger le Bitcoin très brutalement.

 

Ensuite, parce qu’il y a beaucoup d’arnaques sur ces placements. Il faut savoir que la France a mis en place un régime d’enregistrement pour les sociétés qui fournissent des services d’investissement liés aux crypto-monnaies. On les appelle PSAN pour prestataires de services sur actifs numériques. Pour éviter les arnaques, il vaut mieux privilégier ces sociétés et l’AMF les répertorie dans une liste blanche. Mais attention, cela n’enlève pas le risque lié à l’investissement en lui-même.

 

Réseaux sociaux, influenceurs

Les influenceurs qui ont un minimum de connaissances en matière de placements sont rares. Dans le meilleur des cas, ils se contentent de faire la promotion de produits qu’ils prétendent utiliser mais c’est faux : ils sont simplement rémunérés pour faire cette publicité. Et dans le pire des cas, ils font la publicité de sites plus que douteux !

 

Donc, il vaut mieux se méfier de ce que vous pouvez voir sur les réseaux sociaux.

 

Un très grand merci Pauline STRAGIER pour toutes vos explications.

 

Merci à vous tous de nous avoir suivis.

 

Si vous voulez en savoir plus sur les moyens de lutter contre les arnaques aux placements financiers deux sites à consulter : www.amf-france.org, www.inc-conso.fr et www.60millions-mag.com.

 

Et pour parodier une célèbre émission des années 2000 : " Méfiez-vous des contrefaçons".

Cliquez ici pour ouvrir de nouveau le bandeau d’information et de réglage des cookies Haut de page