Quand la pub alimentaire TV devient algébrique
L'OMS s'est alarmé du développement de l'obésité des enfants notamment dans les pays développés. En cause le mode de vie : grignotage et surconsommation de produits trop sucrés vantés par la publicité. Certains pays ont pris des mesures radicales en interdisant la publicité dans les plages de programmes destinées aux enfants.
En France on a préféré réglementer la publicité des produits alimentaires manufacturés en assortissant la publicité de messages sanitaires : "Pour bien grandir, mange au moins cinq fruits et légumes par jour", "Pour être en forme, dépense-toi bien", etc . En outre, les chaînes de télévision ont pris un engagement complémentaire auprès du ministre chargé de la santé . Elles se sont, en effet, engagées à inclure le message sanitaire sous forme orale et visuelle dans les génériques d'annonce des plages publicitaires contenant des publicités visées par la mesure et diffusées aux heures d'écoute privilégiée des jeunes enfants. Cela permet de prendre en compte le fait que certains enfants ne savent pas ou mal lire.
Devant l'inefficacité de ces messages sanitaires la question de l'interdiction est de nouveau posée. Dans sa contribution au débat le CSA a donné son avis sur les conséquences d'une interdiction de la publicité pour certains produits alimentaires. Tout en rappelant que la protection de l'enfance et de l'adolescence constitue une de ses missions essentielles et que l'objectif de santé public est important, le CSA insiste sur le déséquilibre économique qui en résulterait ; notamment : une baisse mécanique de la contribution des chaînes au secteur de la création audiovisuelle et cinématographique et une diminution potentielle de l'offre de programmes jeunesse accessible gratuitement par les jeunes téléspectateurs sur les chaînes hertziennes historiques. Autant dire que le CSA n'y est pas favorable.
Mais cette position est prise dans le contexte plus général de la suppression de la publicité sur les chaînes publiques. Récemment le Président de la République a souhaité que des réflexions soient menées sur cette question. A priori une bonne nouvelle pour nos chères têtes blondes et futurs obèses potentiels.
Mais là aussi la surcharge pondérale des impératifs économiques risque de peser lourd dans la balance. La commission Copé qui doit remettre son rapport définitif le 25 juin prochain a proposé, sans choisir, trois scénarios "ni exclusifs, ni définitifs", afin d'assurer le financement de la télévision publique après la suppression de la publicité. Ces trois scénarios comportent des mesures telles qu'une taxe sur le chiffre d'affaires des opérateurs de télécommunications et des fournisseurs d'accès à internet, une taxe sur les revenus publicitaires des chaînes privées ou une indexation de la redevance sur l'inflation. En contrepartie les chaînes obtiendraient la 2ème coupure publicitaire pour les films et les œuvres audiovisuelles. Il faut aussi souligner que cette suppression de la publicité sur les chaînes publiques s'effectuerait en deux étapes: dans un premier temps la suppression de la publicité mais seulement après 20h00, la suppression totale ultérieurement. Mais compte tenu que dans notre pays le provisoire est souvent définitif il est à craindre que les enfants continueront d'être incités à grignoter de la publicité dans la journée. Les personnes âgées ou malades aussi mais l'impact n'est pas le même.
En définitive on peut résumer la situation sous forme sous forme d'une équation :
Equation :
[ - ( x ) pub Fr 2] * [ - ( y ) pub FR 3] * [ - ( z ) pub FR 4] * [
] = + (w) pub pour enfants.
PS: Rappelons qu'une équation à plusieurs inconnues n'est pas soluble ou plus exactement a une infinité de solutions.
Jean-Michel Rothmann
2 juin 2008