Comment bien choisir son terreau


A l’arrivée du printemps, il est temps de planter, transplanter ou rempoter les plantes de l’été. Qu’il s’agisse de fleurs, de plantes décoratives, d’arbustes ou d’arbres, pour agrémenter son jardin ou sa terrasse, chaque organisme végétal s’épanouira dans un support de culture qui lui conviendra au mieux.

 

Certains préfèrent réaliser des semis (pour les plantes aromatiques), d’autres planteront des fleurs pour leur jardinière ou leurs plates-bandes, et d’autres choisiront de rempoter leurs plantes d’intérieur qui commencent à être à l’étroit dans leur ancien contenant.

 

Quel que soit le besoin identifié, le substrat remplit un rôle essentiel dans le développement de l’organisme végétal.

 

 

En grande surface, magasin de jardinage ou de bricolage, les terreaux universels peuvent sembler de composition relativement proche, même si les "sans tourbe" sortent du lot sur ce critère.

 

Pour vous aider à choisir un bon terreau, l'INC a mesuré les caractéristiques techniques de 15 terreaux afin de vérifier qu’ils sont conformes à l’étiquetage et propice à une bonne croissance des plantes. De plus, un test de pousse de pétunias a permis d’identifier les terreaux les plus performants pour la croissance des plantes.

 

Les résultats de cette étude figurent dans le numéro 591 du magazine 60 millions de consommateurs publié en mai 2023 (article payant).


Le terreau est un substrat de culture qui contient généralement des engrais. Il est composé de :

 

  • terre végétale,
  • de produits de décomposition (végétaux, fuille etc.),
  • auquel on ajoute des éléments spécifiques comme de la tourbe, de l’argile, du sable ou des fibres de bois.

 

Aujourd’hui, il existe une gamme très large de terreaux :

 

  • des terreaux universels : utilisés pour tous usages,
  • des terreaux horticoles : utilisés pour la culture de fleurs et d’arbuste fleuris,
  • des terreaux pour semis et rempotage : utilisés, comme leur nom l’indique, pour réussir les semis (ce sont des terreaux plus légers),
  • des terreaux spécifiques (pour orchidées, spécial cactus ou encore terreaux pour plantes vertes).

Le terreau universel peut être utilisé pour l’ensemble du jardin. Il a une composition simple et est donc idéal pour des plantes peu exigeantes. Son atout principal réside dans sa légèreté. Il est parfaitement possible de l’utiliser lors de la plantation de jeunes arbustes pour obtenir un sol plus drainant.

 

Le terreau horticole est beaucoup plus riche que le terreau universel. Il est enrichi en engrais, ce qui favorise la croissance des plantes et améliore également les sols. Ces engrais comportent :

 

  • de l’azote,
  • du phosphore ou acide phosphorique
  • du potassium (ou potasse).

Ces éléments sont apportés dans les terreaux horticoles par des matières diverses : algues, dolomies, guano…

 

Le terreau pour semis est plutôt un terreau fin, enrobant la graine et permettant à la jeune racine de s’installer. Il est beaucoup plus léger et drainant que les autres types de terreau. C’est aussi un terreau doté d’une bonne capacité de rétention d’eau pour la germination des graines.

En 2019, le marché français des terreaux grand public représentait 2,4 millions de m3, soit près de 80 millions de sacs plastique de terreaux commercialisés.

 

Florentaise, l’une des marques leader sur le marché, qui détient 20 % du marché, a commercialisé 16 millions de sacs sur les 80.

 

Evergreen Garden Care, qui comprend les marques KB, Fertiligène et Round Up, se renforce sur le marché des terreaux. Il rachète en 2021 l’entreprise d’Aquiland terreaux & paillis, qui a réalisé en 2021 un chiffre d’affaires de 7,1 millions d’euros. Au total, le groupe Evergreen Garden Care atteint en 2021 un chiffre d’affaires d’une valeur de 156 millions d’euros en France. Leur vente de terreaux a grimpé de 16 % en 2021.

 

 

Les marques-phares commercialisées dans les magasins de jardinages et/ou de bricolages sont : Ecloz, InVivo, Nous on sème, Fertiligène et KB, Jardiland, Geolia, Or brun, Tonusol, Jardibest, Truffaut, MDD, Florentaise, Terreau de France.

La commercialisation de terreaux en France est réglementée par la norme NF U 44-551 (norme d’application obligatoire). Elle possède plusieurs exigences et doit répondre aux critères suivants :

 

1 - Les boues d’épuration et les produits qui en sont issus ne peuvent pas être utilisés dans la fabrication des supports de culture.

 

2 - Un terreau doit être composé majoritairement de matières organiques végétales, pouvant intégrer des amendements organiques, des engrais, des matières minérales, de la terre, des matières synthétiques et d'autres additifs agronomiques homologués pour cet usage.

 

3 - Le taux de matière organique (MO) doit être supérieur à 40 % de la matière sèche (MS).

 

4 - L’étiquette du sac doit mentionner différentes teneurs.

 

 

5 - Lorsque qu’un terreau contient un engrais (c’est le cas dans la plupart des produits proposés dans le commerce), la teneur en azote, phosphore et potassium doit être inférieure respectivement à 2,5 (azote), 2 (phosphore) et 2,5 (potassium), exprimée en N, P2O5, K2O (pourcentage de la matière sèche), et sous réserve que la somme des éléments totaux (N + P2O5 + K2O) soit inférieure à 5 % de la matière sèche.

 

6 - Au minimum tous les six mois, des analyses doivent prouver son innocuité dans les conditions d’emploi. Les analyses des teneurs en éléments traces métalliques doivent être faites pour vérifier que les valeurs sont inférieures aux seuils définis par la norme. L’innocuité vis-à-vis des microorganismes et agents pathogènes doit aussi être mesurée.

 

Il est possible de retrouver la certification "Charte des supports de culture" de l’Afaïa ainsi que la marque NF "Support de culture" qui sont des garanties supplémentaires sur la qualité du terreau, en plus de la norme d’application obligatoire.

 

D’autres certifications comme "l’Ecolabel" garantissent un produit sans tourbe.

 

La certification RPP (Responsibly Produced Peat) assure que la tourbe est extraite dans le respect de l’environnement.

Le terreau peut être composé des matières ci-dessous.

 

1 - Tourbes

C'est généralement le composant essentiel du terreau, du fait de sa forte teneur en matière organique et de sa capacité de rétention d’eau.

 

La tourbe blonde provient de la décomposition de végétaux (sphaignes) dans les tourbières saturées en eau. Elle possède une capacité de rétention en eau élevée et une bonne capacité d’aération. Par contre, elle a tendance à fortement se rétracter lorsqu’elle sèche, et peut devenir difficile à réhumidifier. De nature plutôt acide, elle est souvent neutralisée pour obtenir un terreau universel.

 

Tourbière

 

Les tourbes brunes et noires sont plus anciennes et donc plus évoluées que la tourbe blonde. Elles possèdent une densité plus importante. Surtout, elles retiennent davantage les éléments nutritifs, ce qui évite un lessivage des minéraux dès le premier arrosage.

 

L’exploitation de la tourbe n’est pas sans conséquence sur l’environnement puisque les tourbières sont des milieux fragiles. Une tourbière désigne un environnement où la vitesse de dégradation des végétaux (principalement des sphaignes) est inférieur à l’accroissement de la biomasse. En d’autres termes, les débris de végétaux morts s’accumulent plus rapidement qu’ils ne se décomposent. Ce phénomène est typique d’un milieu froid et saturé en humidité. Il s’agit de véritables puits de carbone et de réserves de biodiversité.

 

La surface totale des tourbières est en baisse en France et leur surexploitation est régulièrement dénoncée.

 

 

2 - Ecorces, fibres...

 

Les écorces sont des coproduits de l’exploitation forestière. Elles sont broyées et jouent un rôle d’aération et de drainage dans le terreau.

 

La fibre de coco, notamment utilisée dans les terreaux sans tourbe, possède des propriétés proches de la tourbe blonde. Elle est cependant plus dense et son pH est moins acide. Elle possède également l’avantage de se réhumidifier plus facilement.

 

D’autres matières premières d’origine minérale peuvent être utilisées. Il est possible de retrouver du sable, des débris de roche volcanique, de l’argile, de la perlite (sable siliceux), de la vermiculite (argile chauffée)…

 

Finalement, les terreaux sont souvent enrichis en ions minéraux : potassium, phosphore, azote, etc.

Il existe de nombreux paramètres pour caractériser un terreau, tout en sachant qu'un terreau performant est un terreau qui permettra aux plantes de pousser de façon optimale.

 

Cependant, il en existe un certain nombre.

 

 

1 - Matière sèche et humidité

Un terreau contient plus ou moins d’eau, en fonction de sa composition et du taux d’hydratation souhaité par le fabricant.

Le taux d’humidité d’un terreau n’est toutefois pas un critère de qualité qui peut être évalué, puisqu’il est destiné à être arrosé par l’utilisateur sans que ses qualités intrinsèques soient modifiées.

En réalité, l’humidité d’un terreau peut dépendre de ses composants, comme la tourbe, l’écorce, la fibre de coco, etc. Un fabricant qui choisit de vendre un terreau très humide, donc plus lourd, n’a pas nécessairement un grand avantage dans la mesure où le terreau est vendu au volume.

 

2 - pH

Le pH du terreau désigne l’acidité de l’eau dans laquelle les racines de la plante pourront pousser. Le pH est un critère majeur puisqu’il dicte l’essentiel des réactions métaboliques, notamment l’assimilation des minéraux, qui sont plus ou moins ionisés.

 

Des valeurs de pH trop extrêmes peuvent induire des risques de carences ou d’excès. De plus, le pH est directement lié au développement de micro-organismes et donc potentiellement de maladies.

 

Un pH est considéré acide en dessous de 7 et basique (ou alcalin) au-dessus de cette valeur.

 

Pour un terreau universel, destiné à des plantes dites neutrophiles, le pH doit se situer autour 6. S’il est trop neutre voire basique, le risque de chlorose augmente. S’il est trop acide, l’absorption des minéraux et la croissance sont perturbés.

 

Certaines plantes, comme la bruyère, sont acidophiles . Pour ces dernières, il existe des terreaux spéciaux qui possèdent un pH plus bas. Les fleurs d’hortensia ont, quant à elles, une couleur qui varie avec le pH du sol, du bleu pour un sol acide à rose pour un sol alcalin.

 

Il est important de noter que les sols calcaires sont naturellement basiques. De la même manière, un arrosage régulier avec une eau calcaire peut faire remonter le pH du substrat.

 

 

3 - Conductivité

Pour pousser, les plantes captent le carbone dans l’atmosphère grâce à la photosynthèse, mais les autres éléments (azote, potassium, phosphore, etc.) sont assimilés par absorption via le système racinaire. Un sol (ou un support de culture) doit donc contenir des minéraux, présents sous forme ionique.

 

Or, une forme ionique possède naturellement une charge électronique (électronégative ou électropositive) selon la nature du minéral.

 

Plus un substrat contient d’ions, mieux il conduit le courant. Un terreau qui possède une conductivité élevée n’a pas besoin de fertilisation tandis qu’un terreau qui est peu conducteur nécessite souvent un ajout d’engrais afin d’enrichir l’apport minéral.

 

4 - Capacité de rétention en eau

Un support de culture, qu’il s’agisse du sol ou de terreau en pot, doit être constitué d’éléments sous les trois formes :

 

  • la fraction solide, qui contient la tourbe et autres éléments et qui permettent à la plante de s’ancrer dans le sol,
  • la fraction liquide, qui désigne l’eau retenue par le substrat (comparable à une éponge) et qui permet d’irriguer la plante et de l’alimenter en divers minéraux,
  • la fraction gazeuse, qui permet au sol d’être suffisamment aéré pour respirer et donc d'avoir une activité biologique (présence de micro-organismes, voire d'autres organismes qui participent à la richesse du sol, notamment en matière organique).

Un terreau n’est donc pas que la fraction solide. Un terreau trop sec verra la plante s’assécher rapidement, et un terreau non aéré, ou trop compact, entravera fortement la croissance de cette dernière.

 

La capacité de rétention en eau désigne la quantité maximale d’eau que peut retenir le substrat. Lorsqu’il est arrosé, soit par la pluie, soit par l’utilisateur, le terreau se remplit d’eau. Une fraction plus ou moins importante de l’eau percole à travers le substrat et tombe au fond du pot ou dans les couches inférieures du sol si la plante est en extérieur. Tandis qu’une partie de l’eau reste présente dans le terreau qui agit comme une éponge. C’est cette eau résiduelle qui est utilisée par la plante.

 

Une capacité forte de rétention en eau permettra à l’utilisateur d’espacer davantage les séances d’arrosage tandis qu’une capacité faible le contraindra à les multiplier pour éviter que la plante ne se dessèche. Attention, un terreau gorgé d’eau peut également faire pourrir les racines.

 

5 - Capactité de rétention d'eau

En analyse, la capacité de rétention en eau est simplement mesurée en apportant de l’eau en excès et en évaluant la quantité d’eau qui n’a pas percolé à travers le support.

 

La capacité de rétention en eau est un paramètre qui ne renseigne pas sur la disponibilité en eau, c'est-à-dire sur l'eau qui peut être absorbée par la plante.

 

 

6 - Capactité de rétention d'air

La partie gazeuse du support de culture joue un rôle essentiel dans le développement de la plante.

 

Un support de culture trop tassé et donc non aéré risque d’asphyxier les racines. A l’inverse, un support bien aéré permet à ces dernières de se développer rapidement.

 

7 - Chlorures

La teneur en chlorures ne doit pas être trop élevée puisque ces ions (Cl-) sont néfastes pour les plantes lorsqu’ils sont présents en excès.

 

8 - Présence d'adventices

Les adventices désignent les plantes indésirables (mauvaises herbes) qui peuvent être accidentellement présentes dans le terreau sous forme de graines et se développer. Leur présence est à éviter puisqu’elles rentrent en compétition avec la plante et peuvent limiter son accès aux minéraux ou sa bonne croissance.

 

9 - Comparaison des prix

La comparaison des prix n’a pas de sens au kilogramme, en raison de la variabilité du taux d’hydratation. Un terreau très hydraté sera plus lourd sans en modifier le volume. C’est donc le prix au litre qu’il convient de comparer. Néanmoins, ce prix au litre peut dépendre également de la compaction du produit.

 

En utilisant le taux de matière sèche indiqué sur l’emballage, il est également possible de comparer les prix au kilogramme de matière sèche et de répondre à la question "Combien coûte un kilo de terreau sec ?".

Un bon terreau permet à la plante :

 

  • de grandir rapidement,
  • d’avoir suffisamment d’éléments nutritifs,
  • de prévenir des éventuelles maladies,

tout en minimisant l’entretien pour l’utilisateur.

 

 

Si les terreaux universels semblent assez similaires entre eux, les indications qui existent sur l'emballage peuvent vous aider dans votre choix.

 

Vous pouvez acheter un terreau en fonction de vos besoins :

 

 

VOS BESOINS LE CHOIX
Acheter le terreau le moins cher. Calculez la rentabilité par kilogramme de matière sèche.
Repiquer un semis ou faire croître de jeunes plantes. Choisissez un terreau aéré qui aura l'avantage de permettre une rapide croissance des racines.
Planter une plante qui aura des difficultés à croître dans un sol trop tassé. Choisissez un terreau aéré qui aura l'avantage de permettre une rapide croissance des racines.
Conserver ses plantes sans arrosage pendant des vacances prolongées.

Privilégiez un terreau avec une forte capacité de rétention d’eau.

Un plus : ajoutez une petite quantité d’alcool au terreau pour mieux préparer les plantes à résister à la sécheresse.

Faire croître ses plantes alors que vous habitez dans une zone où l'eau est particulièrement calcaire (qui aura tendance à alcaliniser peu à peu le support de culture). Privilégiez un terreau universel avec un pH proche de 6.

 

 

Dossier réalisé par Antoine Haentjens et
Catherine Mytakis-Buschini

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