Le prix des produits bio vendus en vrac moins cher que les produits emballés !


Selon une étude menée par Réseau Vrac, en partenariat avec Nielsen, 4 foyers français sur 10 seraient adeptes de la consommation de produits vendus en vrac. La première motivation de ces 5,4 milliards de foyers serait de pouvoir acheter la quantité désirée.

 

Maîtriser au gramme près sa consommation permet in fine de maîtriser son budget et donc son pouvoir d’achat, une question qui reste une préoccupation principale chez les consommateurs.

 

Cependant, l’avantage économique des produits vendus en vrac n’est pas évident : d’un côté, il semblerait logique pour les consommateurs que les produits en vrac soient moins chers puisqu’on y retire le coût de l’emballage ; d’un autre côté, la logistique et la manutention semblent plus complexes pour les produits en vrac que pour les produits préemballés, ce qui pourrait faire augmenter le prix.

 

C’est en partant de ce constat que l’INC et l’ADEME ont décidé de mener une étude sur le prix du vrac afin d’éclairer les consommateurs sur la construction des prix des produits vendus en vrac et de pouvoir les comparer aux prix des produits préemballés.

 

 

1 – Méthodologie de l’étude

2 – Comment se construit le prix d’un produit vendu en vrac ?

3 – Les prix des produits vendus en vrac VS le prix des produits préemballés

4 – Les rayons vrac en magasin

5 – Conclusion

 

1 – Méthodologie de l’étude

 

1.1 - Comprendre la construction des prix des produits en vrac

Afin de comprendre la construction des prix des produits en vrac, nous avons décidé de mener des entretiens individuels avec des professionnels de la vente et de la distribution en vrac. Nous avons interrogé des professionnels de différents secteurs (alimentaire, cosmétiques, etc.), à différents niveaux du maillon de la chaîne de valeur (producteur, distributeur, etc.) et de différents types de points de vente (grandes et moyennes surfaces, magasins spécialisés dans la vente en vrac, magasins bio, etc.).

 

Entre juin et août 2021, nous avons réalisé huit entretiens formels d’environ 45 minutes chacun, deux entretiens téléphoniques informels et nous avons obtenu des réponses par mail de deux professionnels.

 

1.2 - Les relevés de prix

Nous avons réalisé, par l’intermédiaire d’un institut spécialisé, du 21 juin au 21 juillet 2021 des relevés de prix dans 511 magasins répartis sur toute la France métropolitaine, aussi bien des grandes et moyennes surfaces que des magasins bio et des épiceries spécialisées dans la vente en vrac.

 

Huit produits ont été choisis parmi les plus consommés dans les rayons vrac : amandes, lentilles vertes, sucre cristal, riz long blanc, huile d’olive, vinaigre de vin, lessive liquide et savon liquide.  

 

Pour chaque produit il était demandé de préciser le magasin visité, le type de produit (description détaillée du produit), le conditionnement (vrac ou préemballé), les caractéristiques du produit (bio, issu du commerce équitable, origine du produit, etc.), le prix au kilo ou au litre, et pour les produits en vracs, des informations complémentaires (date de durabilité minimale, information de conservation, conseils de préparation, etc.).

 

Pour les produits vendus en vrac, dans chaque type d’enseigne, il était demandé de relever une référence bio et une référence conventionnelle. Pour les produits préemballés, dans chaque type d’enseigne, il était demandé de relever le produit de la marque du distributeur, le produit le moins cher du rayon, le produit le plus cher du rayon et le produit à marque équivalente au produit relevé en vrac (si existant), à la fois en références conventionnelles et en références bio.

 

2 – Comment se construit le prix d’un produit vendu en vrac ?

2.1 – Des coûts de production équivalents entre le vrac et le préemballé, sauf pour l’emballage

Les entretiens avec les professionnels nous ont révélé que les coûts au niveau de la production d’un produit donné (hors conditionnement, emballage, etc.) sont identiques entre un produit vendu en vrac et un produit préemballé, car ce sont, pour les fabricants, les mêmes produits vendus, quel que soit leur mode de distribution. Ainsi, le prix des produits est construit selon le coût de revient, les frais généraux, le coût de livraison, et une marge est appliquée.

 

 Consultez notre fiche Le prix : qu’est-ce que le prix ?

 

Cependant, les coûts d’emballage sont moins élevés pour les produits vendus en vrac que pour les produits préemballés. Cela est d’autant plus vrai pour les produits vendus dans de très petits conditionnements avec des matériaux coûteux (les épices ou les produits cosmétiques par exemple).

 

Toutefois, certains professionnels ont fait remonter des difficultés d’adaptation de la chaîne de conditionnement traditionnelle, ce qui peut entraîner des surcoûts (remplissage dans de grands conditionnements de façon manuelle, suremballage pour répondre aux contraintes de logistique, etc.).

 

2.2 – Un fort coût de main-d’œuvre, non reporté sur les prix

Les produits en vrac sont généralement présentés à la vente dans des bacs ou des silos. Ceux-ci demandent davantage de manutention que les produits préemballés posés dans les rayons sur des étagères.

 

Les silos et bacs doivent être nettoyés avant chaque remplissage, ce qui est, dans la majeure partie des cas, pris en charge par les boutiques elles-mêmes. Un professionnel estime qu’il y a 16 à 30 fois plus de main-d’œuvre pour la mise en rayon des produits vendus en vrac que pour les produits préemballés.

 

En outre, les silos et bacs doivent être remplis régulièrement, ce qui peut entraîner des risques de troubles musculosquelettiques pour le personnel du magasin.

 

Il y a également un temps de main-d’œuvre plus élevé pour les produits vendus en vrac lors du passage en caisse, notamment dans les épiceries spécialisées : il faut vérifier le produit, le peser, tarer selon le contenant, etc. ce qui est plus long qu’un code barre à scanner. Un professionnel estime que ce process prend 3 à 8 fois plus de temps pour passer un produit en vrac en caisse que dans la grande distribution pour les produits préemballés.

 

Cependant, il nous a été précisé dans les entretiens que les boutiques choisissent généralement de ne pas reporter totalement le coût de main-d’œuvre sur le prix de vente des produits, mais de réduire leur marge.

 

2.3 – Des produits proposés en vrac souvent plus qualitatifs

La sensation des consommateurs selon laquelle les produits vendus en vrac sont plus chers que les produits préemballés pourrait être faussée, car finalement, ce ne sont pas exactement les mêmes produits qui sont vendus en vrac et en préemballé. On trouve notamment des différences au niveau de l’origine des produits, de la rémunération des différents niveaux de la chaîne de valeur, des différences de qualité, etc.).

 

Ainsi, les produits vendus en vrac sont plus généralement d’origine française, voire des produits locaux, issus de l’agriculture biologique dans le cadre d’une rémunération juste des producteurs.

 

2.4 – Les autres éléments pouvant faire varier le prix

D’autres éléments nous ont été remontés, pouvant faire varier le prix entre vrac et préemballé.

 

Certains éléments jouent en défaveur du vrac :

 

  • les pertes : elles sont généralement plus importantes pour les produits en vrac que pour les produits préemballés (conditionnements plus grands, erreur de la part des consommateurs dans les magasins, etc.),
  • le coût au mètre carré : le nombre de références proposées en vrac est inférieur au nombre de références préemballées sur un même espace,
  • économies de volume : les quantités vendues sont généralement moins importantes pour les produits en vrac que dans la grande distribution classique,
  • la logique du prix d’appel : cette logique, notamment utilisée dans la grande distribution, consiste à réduire fortement sa marge sur un produit afin d’attirer les consommateurs. Cette pratique est très peu répandue pour la distribution de produits en vrac,
  • le modèle de la distribution en vrac est encore en cours d’adaptation (comme ce que nous avons vu plus tôt au moment du conditionnement des produits), ce qui engendre parfois des surcoûts.

A l’inverse, d’autres éléments jouent en faveur du vrac :

 

  • frais de communication et de marketing : ils sont généralement moins élevés pour les produits vendus en vrac, car il n’y a pas d’emballage et pour beaucoup de marques, pas de publicité, ni de promotion autour de ces produits,
  • la volonté pour les producteurs et distributeurs d’afficher un prix moins cher pour les produits en vrac : selon certains professionnels de la distribution en vrac, le consommateur s’attend à ce qu’un produit en vrac soit moins cher qu’un produit préemballé, ainsi, pour répondre à cette attente, les professionnels décident d’afficher un prix moins élevé (en répartissant par exemple les coûts supplémentaires sur l’ensemble des produits ou en réduisant leur marge) ;

3 – Le prix des produits vendus en vrac VS le prix des produits préemballés

 

3.1 – Les prix dans les hypermarchés et supermarchés

 

Produits Prix des produits en vrac Prix des produits pré-emballés Ecart du prix du vrac
Amandes bio 22,57 € 25,75 € - 12 %
Lentilles vertes bio 5,76 € 5,16 € + 12 %
Riz long blanc bio 4,30 € 4,52 € =

 

Dans les hypermarchés et supermarchés, les références en vrac sont peu nombreuses, notamment sur les références non bio. Nous obtenons des résultats significatifs seulement sur les amandes bio, les lentilles vertes bio et le riz long blanc bio.

 

Les amandes bio sont en moyenne moins chères quand elles sont vendues en vrac que lorsqu’elles sont vendues en préemballé (- 12 %). La proportion de produits d’origine française est sensiblement la même dans les deux catégories (6 % en vrac, 7 % pour le préemballé). Cependant, il y a davantage de produits issus du commerce équitable dans les références en vrac (3 %) que dans les références préemballées (pour lesquelles aucune référence n’a été relevée issue du commerce équitable).

 

Nous constatons l’inverse pour les lentilles vertes bio qui sont 12 % plus chères lorsqu’elles sont vendues en vrac que lorsqu’elles sont vendues en préemballé. Alors que nous observons une part plus importante de produits d’origine française et issus du commerce équitable pour les références préemballées (respectivement 44 % et 11 %) que pour les références en vrac (respectivement 39 % et 0 %).

 

En ce qui concerne le riz long blanc, la différence de prix n’est pas significative entre les références en vrac et les références en pré emballé.

 

Ainsi, avec trois conclusions différentes sur les écarts de prix entre le vrac et le pré emballé dans les hypermarchés et supermarchés, il n’est pas possible de conclure sur une tendance générale au sein de ce type de distributeur.

 

A noter que les entretiens réalisés ont mis en avant que la politique "vrac" des enseignes en hypermarchés et supermarchés est encore en évolution et que la politique des prix bas des enseignes n’est pas l’adage du marché initial du vrac. Également, les circuits d’approvisionnement et les fournisseurs n’étant pas forcément les mêmes, les conclusions globales sur les prix sont sûrement difficiles à écrire, même avec davantage de produits.

 

 

3.2 – Les prix dans les magasins bio

 

Produits Prix des produits en vrac Prix des produits pré-emballés Ecart du prix du vrac
Amandes bio 18,97 € 23,73 € - 20 %
Lentilles vertes bio 4,96 € 5,97 € - 17 %
Riz long blanc bio 4,34 € 5,00 € - 13 %
Huile d'olive bio 8,46 € (*) 14,72 € - 43 % (**)
Lessive liquide neutre bio 4,91 € 5,18 € =
Savon de Marseille liquide bio 7,19 € 10,96 € - 34 % (*)

 

(*) Résultat à considérer avec précaution, car base faible (entre 30 et 70 références)

(**) Chiffre à considérer avec précaution compte tenu d’un taux d’erreur de 5 %.

 

Les références en vrac relevées sont plus nombreuses dans les magasins bio que dans les hypermarchés et supermarchés. Nous ne pouvons cependant pas conclure sur le sucre cristal bio et sur le vinaigre de vin bio dans ce type de magasin.

 

Nous observons que le prix des références en vrac est moins élevé que le prix des références en préemballé, pour quasiment tous les produits, sauf pour la lessive liquide neutre bio où la différence de prix constatée n’est pas statistiquement significative.

 

En magasin bio, les amandes bio sont en moyenne 20 % moins chères quand elles sont vendues en vrac que lorsqu’elles sont vendues en préemballé, les lentilles vertes bio 17 % moins chères et le riz long blanc bio 13 % moins cher. Nous constatons les mêmes tendances pour l’huile d’olive bio (43 % moins chères) et le savon liquide de Marseille (34 % moins cher), bien que les résultats constatés soient moins représentatifs et/ou significatifs.

 

Ici, nous pouvons donc conclure que dans les magasins bio, les produits en vrac sont en moyenne moins chers que les mêmes produits préemballés. Cela corrobore les propos que nous avons recueillis lors des entretiens avec les professionnels de la vente en vrac dans les magasins bio qui ont la volonté d’afficher des prix moins élevés sur les produits en vrac.

 

 

3.3 – Les prix dans les épiceries spécialisées en vrac

Bien que les épiceries spécialisées vrac ne vendent que des produits en vrac, il nous paraissait important de faire un récapitulatif de leur prix, et de les comparer aux prix moyens des produits équivalents préemballés, quel que soit le circuit de distribution (hypermarchés/supermarchés ou magasins bio).

 

Produits Prix moyen des épiceries spécialisées vrac prix moyen des produits préemballés quel que soit le circuit de distribution Ecart du prix du vrac
Amandes non bio 19,44 € 20,84 € = (*)
Lentilles vertes non bio 3,96 € 2,59 € + 53 %

 

(*) Résultat à considérer avec précaution compte tenu de bases faibles

 

Dans les épiceries spécialisées vrac, les références non bio sont peu présentes, nous pouvons seulement conclure – sur des bases relativement faibles – sur les amandes non bio et les lentilles vertes non bio.

 

Pour les amandes non bio, il semblerait que la différence de prix ne soit pas significative entre les références en vrac vendues dans les épiceries spécialisées vrac et les références préemballées vendues dans les épiceries et les hypermarchés/supermarchés.

 

Les lentilles vertes non bio sont 53 % plus chères vendues en vrac qu’en préemballé. Cette différence de prix pourrait s’expliquer en partie par une proportion de produits d’origine française plus importante dans les références en vrac (82 %) des épiceries spécialisées vrac que dans les références préemballées (50 %) des hypermarchés et supermarchés.

 

Produits Prix moyen des épiceries spécialisées vrac Prix moyen des produits préemballés quel que soit le circuit de distribution Ecart du prix du vrac
Amandes bio 21,04 € 24,49 € - 14 %
Lentilles vertes bio 5,20 € 5,25 € - 8 %
Sucre cristal bio 3,54 € 4,36 € - 19 %
Riz long blanc bio 5,21 € 4,81 € + 8 %
Huile d'olive bio 13,47 € 12,51 € =
Vinaigre de vin bio 4,65 € (*) 5,03 € = (*)
Lessive liquide neutre bio 5,19 € 4,83 € =
Savon de Marseille liquide bio 8,70 € 10,97 € - 18 %

 

(*) Résultat à considérer avec précaution compte tenu de bases faibles

 

Pour les produits bio en épiceries spécialisées, les références sont plus nombreuses, nous pouvons donc conclure sur tous les produits étudiés.

 

Le prix des références en vrac est moins élevé que celui des références préemballées pour les amandes bio (- 14 %), les lentilles vertes bio (- 8 %), le sucre cristal bio (- 19 %, à considérer avec précaution) et le savon de Marseille liquide bio (- 18 %). Les prix sont significativement identiques entre le vrac et le préemballé pour l’huile d’olive bio, le vinaigre de vin bio et la lessive liquide neutre bio. Le riz long blanc bio est cependant significativement plus cher lorsqu’il est vendu en vrac que lorsqu’il est vendu en préemballé (+ 8 %).

 

3.4 – Le prix des produits en vrac selon le type d’enseigne

Après avoir comparé les prix entre vrac et préemballé selon les enseignes, il est intéressant de regarder les prix du vrac dans les différents types de magasins.

 

 

(*) Résultat à considérer avec précaution, car bases relativement faibles

(**) Résultat à considérer avec précaution compte tenu d’un taux d’erreur de 5 %

 

Comme précédemment, il est difficile d’obtenir des conclusions sur le vrac non bio, cela étant peu développé par les enseignes d’hypermarchés et supermarchés qui préfèrent les produits bio pour ce type de conditionnement.

 

Concernant les produits bio, il apparait que la GMS est finalement plus chère sur les produits en vracs concernant les amandes et les lentilles vertes, mais pas sur le riz, où elle est moins chère que les épiceries spécialisées vrac (- 21 %), mais équivalente aux magasins bio. Également, les épiceries spécialisées vrac sont plus chères que les magasins bio sur les amandes (+ 11 %), les lentilles vertes (+ 5 % avec précaution), le riz long blanc (+ 20 %), l’huile d’olive (+ 59 % avec précaution) et le savon liquide (+ 21 % avec une plus grande marge d’erreur). Pour la lessive liquide, les prix des magasins bio et épiceries spécialisés en vrac sont statistiquement équivalents.

 

Les résultats sur les prix sont plutôt favorables aux achats en magasins bio pour les produits vendus en vrac. 

Cela peut notamment s’expliquer par la politique des enseignes de proposer des produits en vrac moins chers que les mêmes produits préemballés, et également par la taille des magasins et le volume de ventes de certaines enseignes, qui se rapprochent davantage de la GMS.

 

Les épiceries spécialisées vrac sont davantage des acteurs indépendants situés dans des petites boutiques de centre-ville.

 

Nous avons également réalisé des relevés de prix sur les sites de drive, vous pouvez retrouver ces résultats ici.

 

> Télécharger l'étude

 

4 – Les rayons vrac en magasin

En plus des relevés de prix, nous avions demandé aux participants de répondre à quelques questions concernant les rayons, en termes de propreté, d’affichage, etc.

 

L’ensemble des résultats est détaillé dans cette partie.

 

4.1 – Propreté des rayons

Les rayons vrac des magasins étaient propres, avec seulement 9 magasins qui ont été considérés comme "plutôt pas propre".

 

 

5 magasins bio et 4 supermarchés/hypermarchés sont concernés par ces rayons considérés comme "plutôt pas propres", et un seul supermarché comme "pas propre du tout", notamment à cause d’un manque de nettoyage, de miettes ou produits sur le sol (coquillettes, graines, etc.) et des bacs vides non nettoyés :

 

"Certains produits sont vides et pas approvisionnés et les produits en vrac sont posés sur des étagères tachées de saleté". "Des sacs au sol et des miettes". "Bocaux sales, plusieurs vides, sacs en vrac, présence de produits sur étagère, étiquettes mal collées"

 

On peut voir que les rayons vrac des hypermarchés/supermarchés sont largement moins considérés comme « tout à fait propre » et ce, de façon statistiquement significative à 99 % par rapport à chacun des autres réseaux.

 

 

 

4.2 – Contenants possibles à utiliser

Dans plus de la moitié des magasins visités, les clients peuvent utiliser leurs propres contenants. Ce qui est le cas de la quasi-totalité des épiceries spécialisées, mais beaucoup moins pour les hypermarchés et supermarchés.

 

 

En termes de contenant proposés, les enquêteurs ont constaté une réelle différence entre les types de magasins :

 

  • les épiceries spécialisées proposent surtout des sachets totalement en kraft et des contenants réutilisables,
  • les magasins bio proposent des sachets totalement en kraft et un magasin sur 3, des contenants réutilisables,
  • les hypermarchés/supermarchés proposent plutôt des sachets en kraft avec une fenêtre en plastique transparent, et pour un tiers d’entre eux, des sachets totalement en kraft.

 

Les postes autres concernent surtout des sacs en tissus, ou le fait qu’il n’y avait pas de sachet et qu’il fallait récupérer ceux mis à disposition au rayon fruits et légumes.

 

4.3 – Affichage des informations sur les produits

Nous avions également demandé aux enquêteurs de relever si les informations suivantes étaient affichées sur les produits en vrac :

 

  • DDM (date de durabilité minimale),
  • informations de conservation,
  • informations de préparation,
  • valeurs nutritionnelles.

Ces éléments pouvaient être affichés sur des étiquettes, mais aussi dans des livrets près des silos. Cela était indiqué aux enquêteurs avec notamment la présentation d’exemples en photo (ci-dessous).

 

 

La présence des informations en hypermarchés et supermarchés

Pour les hypermarchés/supermarchés, nous obtenons des bases solides uniquement pour les amandes bio, les lentilles vertes bio et le riz long bio.

 

  Présence de la DDM Présence des informations de conservation Présence des informations de préparation Présence des valeurs nutritionnelles
Amandes bio 18 % 13% 10 % 53 %
Lentilles vertes bio 20 % 9 % 39 % 57 %
Riz long blanc bio 17 % 9 % 46 % 46 %

 

Sur les amandes bio, les lentilles vertes bio et le riz long bio, ce sont seulement près de 2 produits sur 10 pour lesquels les enquêteurs ont trouvé la DDM des produits en hypermarchés/supermarchés. Les informations de conservations ont été encore plus faiblement retrouvées (entre 9 % et 13 % de présence). Les informations de préparations étaient davantage affichées pour les lentilles et le riz avec respectivement 39 % et 46 % d’affichage relevé. Environ un produit sur deux affiche les valeurs nutritionnelles, ce qui est mieux que les autres informations relevées, mais reste insuffisant par rapport au préemballé qui doit l’afficher sur tous leurs produits.

 

La présence des informations en magasins bio

En magasin bio, nous obtenons des bases solides pour les amandes bio, les lentilles vertes bio, le riz long bio et la lessive bio. Nous obtenons également des bases pour l’huile d’olive et le savon liquide bio, même si ces résultats restent à analyser avec précaution.

 

  Présence de la DDM Présence des informations de conversation Présence des informations de préparation Présences des valeurs nutritionnelles
Amandes bio 47 % 19 % 22 % 18 %
Lentilles vertes bio 47 % 21 % 50 % 24 %
Riz long blanc bio 49 % 21 % 48 % 24 %
Huile d'olive bio 59 % (*) 29 % (*) 29 % (*) 41 % (*)
Lessive liquide neutre bio 19 % 25 % 45 % -
Savon de Marseille bio 23 %* 30 %* 52 %* -

 

(*) Résultat à considérer avec précaution compte tenu des bases faibles

 

On constate que sur l’alimentaire, la DDM est affichée pour près de la moitié des produits relevés en magasin bio, dont apparemment davantage pour l’huile d’olive. Pour la lessive et le savon, où il s’agit plutôt d’une date d’utilisation recommandée après ouverture, elle n’est affichée que pour un produit sur 5 environ.

 

En termes d’information de préparation, ou d’utilisation pour la lessive et le savon, nos enquêteurs ont trouvé l’information pour environ la moitié des produits, sauf pour les amandes et l’huile (respectivement 22 % et 29 %).

 

Pour les valeurs nutritionnelles, l’information est moins présente qu’en hypermarchés/supermarchés avec environ 1 affichage sur 5, sauf pour l’huile au double.

 

La présence des informations en épiceries spécialisées vrac

En épiceries spécialisées bio, nous obtenons des bases solides pour les amandes bio, les lentilles vertes bio, le riz long bio, l’huile d’olive, la lessive bio et le savon liquide bio. Nous obtenons également des bases pour les amandes non bio, les lentilles vertes non bio, le sucre cristal bio et le vinaigre bio, même si ces résultats restent à analyser avec précaution.

  Présence de la DDM Présence des informations de conservation Présence des informations de préparation Présences des valeurs nutritionnelles
Amandes non bio 38 % (*) 13% (*) 21 % (*) 38 % (*)
Amandes bio 63 % 15 % 16 % 34 %
Lentilles vertes non bio 35 % (*) 15 % (*) 50 % (*) 59 % (*)
Lentilles vertes bio 63 % 15 % 40 % 31 %
Sucre cristal bio 39 % (*) 9 % (*) 12 %* 15 % (*)
Riz long blanc bio 55 % 14 % 52 % 36 %
Huile d'olive bio 41 % 22 % 14 % 26 %
Vinaigre de vin bio 25 % (*) 10 % (*) 10 % (*) 22 % (*)
Lessive liquide neutre bio 11 % 15 % 43 % -
Savon de Marseille bio 11 % 10 % 29 % -

 

(*) Résultat à considérer avec précaution compte tenu des bases faibles

 

Comme pour les magasins bio, les épiceries spécialisées vrac affichent davantage les DDM des produits alimentaires, notamment pour les produits bio. Ainsi, 63 % des amandes bio relevées et également 63 % des lentilles ont affiché leur DDM. Pour la lessive et le savon, les taux tombent à 11 % d’affichage.

 

Les informations de conservation sont très peu présentes dans les épiceries spécialisées vrac, pour 1 produit sur 5 au mieux.

 

Pour les informations de préparation, ou d’utilisation pour la droguerie, l’information est présente pour un produit sur deux concernant le riz bio et les lentilles vertes non bio. Sinon, les taux descendent jusqu’à un produit sur 10 pour le vinaigre bio.

 

Concernant les valeurs nutritionnelles, celles-ci seraient davantage affichées pour les lentilles vertes non bio, atteignant 59 % d’affichage. Sinon les taux d’affichage tournent autour des 30%, avec en minimum, le sucre cristal bio à 15 % d’affichage.

 

Conclusion sur la présence des informations des produits

Sur les quatre informations relevées sur les différents produits, on note globalement que malgré des indications aux enquêteurs, les informations ont finalement peu été trouvées en boutique et nécessiteraient un meilleur affichage.

 

Il apparait que ces informations sont davantage affichées en magasin bio que dans les autres circuits de distribution.

 

5 – Conclusion

Cette étude montre tout d’abord que le marché du vrac concerne davantage les produits bio qui sont surreprésentés dans nos relevés par rapport aux produits conventionnels pour lesquels nos bases sont souvent peu robustes à cause du peu de références trouvées en rayon. Également, les marchés du vrac liquide et du non alimentaire sont moins développés en grandes et moyennes surfaces que dans les magasins bio et les épiceries spécialisées vrac.

 

L’étude met en avant que le vrac est moins cher que le préemballé (écarts allant de - 4 % à - 22 %) pour les produits bio. Cela confirme les déclarations des professionnels qui veulent s’aligner avec la perception de ce que le consommateur attend d’un produit vendu en vrac – qu’il soit moins cher puisqu’il n’a pas d’emballage – en absorbant les coûts additionnels (main-d’œuvre notamment) et en réduisant leur marge par exemple.

 

Ce sont les magasins bio qui proposent les produits en vrac les moins chers comparés aux épiceries spécialisées vrac et aux hypermarchés et supermarchés. Les raisons sont sans doute dans le compromis de ces enseignes à faire suffisamment de volumes de vente en vrac, couplés à une organisation de leurs circuits de distribution (dont la centrale d’achat) plus optimisée que les structures indépendantes et aussi leur emplacement (en partie périurbain), pouvant toucher davantage de clientèle.

 

Les conclusions en GMS sont plus difficiles, pour lesquelles le marché est en plein développement et devrait être accéléré avec la loi portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets, du 22 août 2021 qui fixe des objectifs de développement du vrac en GMS d’ici 2030 (voir le décryptage de la loi par l’INC). Certains professionnels du vrac ont déclaré une inquiétude du développement du vrac à grande échelle qui risque de voir le vrac s’adapter aux circuits de distribution conventionnels : guerre des prix vers le bas, calibrage des produits, discours marketing, etc.

 

Ainsi, pour le moment, même si les bases sont moins robustes que pour les produits bio, les produits conventionnels disponibles semblent plus chers en vrac qu’en préemballé selon les relevés en magasin. Cela peut s’expliquer par des acteurs et une organisation sur l’ensemble de la chaîne de distribution en vrac qui ne se sont pas encore adaptés, structurés et organisés comme pour la chaîne de distribution « conventionnelle » de produits préemballés. Les process de production et de distribution sont moins développés sur la distribution en vrac et les efforts faits sur les marges par les professionnels impliqués dans la consommation plus responsable ne semblent pas encore réalisés en grande consommation.

 

Quoi qu’il en soit, l’achat en vrac laisse la possibilité de choisir la quantité que l’on souhaite. Cela permet à la fois de ne pas acheter des quantités plus importantes que le besoin réel, et d’adapter ainsi son budget.

 

Ce facteur "quantité choisie" peut également permettre de réduire le gaspillage alimentaire chez les consommateurs à condition d’assurer une conservation appropriée à domicile.

 

 

> Pour en savoir plus, lire l'article "Prix des produits en vrac : stop aux idées reçues" publié dans le magazine "60 millions de consommateurs".

 

 

 

Antoine Champion, ingénieur d’études de service

Sophie Rémond, économiste

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